Deuxième journée de cours

Vers huit heures du matin -exceptionellement- je me réveillai enfin, un peu fatiguée. Je pris une douche, la salle de bain était vide pendant les week-end car la pluspart des filles rentraient chez elle...
Je m'habillai d'une petite jupe bleuté m'arrivant juste au-dessus du genou, et d'un sweat-shirt rose clair. Après tout, je n'irai ni m'entrainer, ni en cours aujourd'hui.
Je fis mes devoirs et lus jusqu'environ onze heures quarante, avant de ressentir la faim me tirailler l'estomac. Je me levai et, prenant ma veste, je me rendis à la caféteria. Sur le chemin, j'eus la malheureuse chance d'apercevoir Alexander. J'hésitai à l'interpeller : il ne pouvait pas me voir, étant derrière lui. Mais je m'étais promis la veille de lui parler, et je devais tenir ma parole!!
Prenant mon courage à deux mains, respirant un grand coup, je décidai de me lancer.

"Alexander?" fis-je d'une petite voix, espérant qu'il m'ait entendu tout en priant pour le contraire.

Je me retournais dans un baîllement, m'arrêtant net lorsque je la vu. Je me confondis en excuse avant de la saluer brièvement.

Bonjour Evangelina... j'hésitais l'espace d'un instant avant de continuer. Hum tu as bien dormis???

Je n'étais pas sûr que cela le faisait vraiment que je lui demande ça mais tanpis. J'esquissais un léger très léger sourire à son attention.

"Ne.. ne t'excuse pas tant! C'est moi la coupable, après tout..."

Je me rapprochai de lui et me postai en face, me reprenant.

"Bonjour."

Je levai les yeux et lui offris un beau sourire.

"Très bien, et toi?"

Je n'en revenais pas de dire cela sur un ton si léger, et de réussir à garder mon sourire aussi longtemps!

"Au fait, quand commence-t-on le travail sur les Hauts de Hurlevents?"

Je jetai un regard sur le côté, inconsciement, comme pour vérifier que personne ne nous voyait. Mais de toute façon, la pluspart des élèves rentraient chez eux pendant les week-end.

"Et... merci beaucoup... tu es vraiment quelqu'un de bien!"

C'était la première fois que je disais cela, que je faisais un compliment que je pensais vraiment, ce qui me fit quelque peu rougir.

"Enfin.. merci.."

Je détournai les yeux, mais gardai néanmoins mon sourire.

Hum disons que j'ai bénéficier d'une nuit tout à fait correct...

Je n'en cru pas mes yeux de la voir sourire de cette manière. Elle avait l'air tout à fait détendue pour une fois.

Euh quant tu veux... Si tu es libre, on pourrait commençer cette après-midi. Ou bien demain peut m'importe, je suis disponible tout les jours.

Je l'observais jeter de léger coup d'oeil autour de nous pour vérifier que Grégory n'était pas dans les parages je suppose.

De rien^^ Et merci aussi, cela me fait très plaisir que tu penses cela de moi...

"Eh bien... Normalement je devais m'entrainer, mais j'ai promis de ne pas le faire, donc je suis libre."

On pouvait déceler dans le ton de ma voix une certaine déception, bien normale.

"Tu allais à la caféteria, non?"

Je relevai les yeux pour l'interroger du regard. Je pris une grande inspiration pour pouvoir continuer aussi calmement, ce qui était assez difficile au demeurant. Le plus dur était de tenir la longueur, même si avec lui cela s'avérait plus facile que je ne l'aurais cru.

"Est-ce que... je peux manger avec toi?"

C'était la toute première fois que je demandais ça, et j'avais l'impression que ces mots n'étaient pas de moi, que je ne les avais pas prononcés... Quelle sensation étrange!

Hum parfait alors... En plus,au plus vite ce travail sera commençer au plus vite nous l'aurons terminer ce qui serait des mieux au vu des examens qui approche...

Elle me posa alors une question auquel je ne m'attendais pas du tout. C'était bien la denrière personne avec qui j'aurais penser manger un jour. Je souris avant d'aquiecer d'un signe de tête.

Oui avec grand plaisir... Un peu de compagnie ne me fera pas de mal. Nouveau sourire.

Je me tournais pour faire face au couloir menant à la cafét'.

On y va???

"De toute façon, si tu n'avais pas voulu le faire, je l'aurais fait pour nous deux... Ca n'aurait pas été la première fois, et ça ne sera sans doute pas la dernière."

Je soupirai avant de sourire tout de même car il avait accepté. Je ne lui avouai pas, mais je pensai à cet instant ce qui lui dit tout haut : un peu de compagnie! Et en bonne compagnie, c'était obligé.

"Je te suis.."

Je ne pouvais pas marcher trop vite non plus, avec ma cheville. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de tomber sur la glace?
J'avais l'impression de me faire un peu pardonner pour ce que je lui avais dit de mal, ce que j'avais fait pour le contrarier la veille. Et puis, ce n'était pas si désagréable après tout...

Evangelina avait vraiment une très mauvaise opinion des autres, enfin en ce moment c'était surtout de moi. D'accord j'étais du genre à ne pas rendre les préparations et à préféré les sorties, aux études, mais me servir de la faiblesse de quelqu'un d'autre pour la faire travailler à ma place, ça jamais. Au pire, je m'arrangeais pour monnaier les échanges, c'était le stricte minimum.

Non, non. Je tiens à faire ce travail avec toi. Les professeurs ne choisissent pas de faire des binômes pour qu'il n'y en ait qu'un qui bosse sur le sujet après tout.

Finalement la vie dans ce lycée n'allait peut-être pas être aussi pourri que l'idée que j'en avais eu au départ. J'étais sur la bonne voie pour me trouver une amie ce qui ne serait pas plus mal. De plus, elle serait sûrement la seule au vu de la bande de crétin qui composait notre classe.
Avec un sourire, j'abaissais mon capuchon, simple question de politesse, et repris mon chemin vers la cafétaria, nous n'en étions plus très loin. Me souvenant tout à fait qu'elle aurait du mal à marcher pendant les deux prochaines semaines, je m'adaptais à sa vitesse d'une manière toute à fait discrète.

Il m'assura qu'il ferait ce travail avec moi. C'était bien la première fois que quelqu'un se proposait de le faire, plutôt que de me laisser seule. Il m'arrivait même très souvent de faire autant le travail de mon propre groupe, ainsi que celui d'un, deux, voire trois groupes différents. Je ne savais pas dire non, et j'avais tellement peur des conséquences que je préférais accepter plutôt que de les contrarier.

Eh bien... d'accord. Merci, c'est gentil !

Je lui souris et il repartit ensuite vers la cafétaria après avoir ôté son capuchon. Je le suivis en faisant attention de ne pas trébucher. Il s'était adapté à ma vitesse, ce qui me gênait un peu, mais me faisait assez plaisir. Personne n'aurait jamais fait ça avant !

La cafétaria était à peine remplie par une vingtaine d'élèves. Les autres étaient tous rentrés chez eux. Il y avait donc de la place, et beaucoup de tables libres.
Je me dirigeai vers le comptoire et pris un plateau que je déposai sur le rebord pour le faire glisser. Il y avait plus d'écarts au niveau nourriture le week-end, on pouvait même se permettre des frites et d'autres aliments gras. Cependant, je ne mangeais pas cela, car pour continuer à danser, je devais garder la ligne et manger sainement. A vrai dire, je n'y avais même jamais goûté.

Je pris une salade simple, un verre d'eau et une pomme. Ce serait assez. De toute façon, je n'avais pas faim aujourd'hui.

Je fus légèrement surpris de voir aussi peu d'élèves dans la cafétaria. Dans l'école où je me trouvais juste avant celle d'Oxford, il y avait peu de gens qui rentraient chez eux le week-end. C'était d'un calme ici. Je ne m'attardais pourtant pas trop, suivant Evangelina qui s'emparait d'un plateau. Je fis de même et observais à mon tour ce qu'ils proposaient aujourd'hui. Il y avait décidément beaucoup de choix. Sans faire réellement attention à ce qu'il contenait, je choisis de prendre un sandwich. Et comme boisson, je n'allais pas me casser la tête, je pris une canette de coca. Comme je venais à peine de me lever, je n'avais pas réellement envie de quelque chose de trop consistant, ni qui ressemblait à un repas complet.
Une fois fait, je repris mon plateau et me tournais vers le salle. A quelle table allions-nous bien pouvoir nous installer?

Après une légère réflexion, je me dirigeais vers l'une d'entre elle. Pas trop loin de l'endroit où nous trouvions, tout en étant pas trop près des autres non plus. Je n'avais nullement envie d'entendre les débilités qu'ils devaient débiter pendant leur repas. Un autre avantage qu'avait cette table, nous étions à proximité de la fenêtre.

J'espère qu'ici cela te convient...

Posant mon plateau sur la table, je tirais une chaise et m'y installais. Si cela ne lui convenait pas, il ne me faudrait pas beaucoup d'effort pour me relever, reprendre mon plateau et changer de place.

Je l'attendis et, lorsqu'il eut terminé de choisir, il se dirigea vers une table qu'il choisit assez bien placée. Près de la fenêtre -la meilleure place qui soit !-, éloignée des autres, et proches de nous. Je le rejoignis et déposai mon plateau un tout petit peu à l'écart, surtout par habitude.
Je tirai ma chaise et m'installai discrètement, jetant quelques regards autour de nous. J'avais l'impression d'avoir tous les yeux rivés sur nous, comme si nous étions des bêtes de foire. Je préférais de loin ne pas me faire voir, mais là, c'était raté ! Ils devaient tous se demander ce que je faisais en compagnie du nouveau ! Moi qui d'habitude mangeait seule, dans mon coin, durant les week-end ! La semaine aussi, d'ailleurs, mis à part lorsque Grégory et sa bande "m'invitaient" à leur table pour "m'avoir sous la main en cas de devoirs". Je ne pouvais refuser de les accompagner...

Je bus une gorgée d'eau pour essayer de me déstresser, mais c'était chose quasi impossible. L'ambiance me dérangeait. Heureusement que la fenêtre était ouverte et que je pouvais respirer un peu, sinon je n'aurais pas été loin de la crise. J'essayai donc de me calmer. Ma respiration était encore normale, ce qui était bon signe. Peut-être que sa présence me rassurait un temps soit peu...

Cela me convient parfaitement... Même si je préfèrerais manger partout ailleurs sauf dans cette pièce...

Je me saisis de mes couverts et commençai à manger avec précaution ma salade qui était très bonne. La nourriture était toujours bonne ici, car après tout, les enfants qui venaient dans cette école en avaient les moyens, pour la plupart. De plus, la quasi totalité des investisseurs étaient parents d'élèves ! Ils veillaient donc à la bonne nutrition de leurs petits prodiges...
Ayant terminé, je reposai méthodiquement mes couverts et jetai un oeil par la fenêtre, avant de me tourner vers Alexander.

Il faudra se procurer le fameux livre alors. Il devrait être à la bibliothèque de l'école, si je ne me trompe pas.

Etais-je le seul à remarquer que tout un coup on se mettait à nous épier? Au vu de ses réactions, ce n'était sûrement pas le cas. Il y avait de stresser, voir s'énèrver. Qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire de nous voir manger ensemble? C'était donc pour eux un spectacle aussi intéressant? Si je n'avais pas risquer d'attirer encore plus les foudres sur Evangelina, je n'aurais pas hésité une seule seconde à aller leur dire ma façon de pensée une bonne fois pour toute.

Sincèrement, il en est de même pour moi...

Faisant abstraction de tout ce qui se passait autours de nous, j'ouvris tranquillement ma cannette et en bu quelques gorgées avant de m'attaquer à l'observation de mon sandwich. Avec tout cela, je ne savais toujours pas à quoi il était. Je fus agréablement surpris de le découvrir au rosbeef accompagné de crudité. Voilà qui était parfaitement correct. Je mordis dedans et mâchais rapidement avant de lever les yeux vers Eva. Heureusement qu'elle connaisait l'école parce que moi, je n'avais absolument pas envie de chercher.

Oui, ce serait la première chose à faire. S'il ne s'y trouve pas, je pourrais toujours aller l'acheter en ville. J'ai repérer un bouquiniste pas très loin. Je t'aurais bien proposé de m'accompagner, mais avec ta cheville, je ne sais pas si c'est la meilleure chose à faire...

Il acquiesça à ma réflexion mais fit abstraction de tout ces regards braqués sur nous, tout comme j'essayais de le faire en me concentrant sur autre chose. Lorsqu'il eut terminé, il me répondit que nous pourrions en effet aller voir à la bibliothèque en premier lieu, en espérant qu'il y serait. Si par malheur ce n'était pas le cas, il se proposait d'aller fureter chez un bouquiniste, en ville. Ce n'était pas une mauvaise idée ! Même si je n'aurais pas su le suivre, ou du moins était-il préférable que ce ne soit pas le cas, car ça aurait pu empirer ma blessure. Mieux valait ne pas prendre trop de risques démesurés si je voulais remonter sur la glace le plus rapidement possible !

J'espère qu'il y sera, ça nous faciliterait la tâche. Et puis, la bibliothèque est un endroit calme pour travailler, et il n'y a jamais personne le week-end. Enfin très rarement. En général, lorsque j'y vais, je suis toujours seule. Mais le calme est très reposant...

Je terminai mon verre d'eau et entamai ma pomme, non à pleine dents mais doucement, comme toujours, discrètement. J'avais l'impression que le moindre bruit aurait pu être fatal... La moindre écartade, le moindre pas de travers, tout était dangereux ici !

La bibliothèque. C'est vrai que c'était l'endroit parfait pour travailler. A un certain moment, j'y passais même la plupart de mon temps jusqu'à ce que je découvre les joies de l'extérieur. A force de voyager, c'était le genre de chose qui devenait réellement vitale. Alors au lieu de rester à l'intérieur, je me contentais de m'installer dans un coin du parc ou n'importe où d'autre pour me plonger dans un bon bouquin, les écouteurs visés aux oreilles, histoire de ne plus entendre le blabla des gens qui m'entouraient.

C'est certain. Je sens que je vais faire de la bibliothèque mon bunker pour me protéger des ragots. Les rumeurs circulent tellement vite dans les écoles que lundi, il est certain que les autres m'auront trouver un surnom bien juteux et une étiquette parfaite à leur goût pour me la coller au front. Heureusement que j'ai l'habitude d'être le "nouveau" qu'on tente de persécuter.

Terminant ma phrase, je fis tomber la pluie de petits morceaux blancs, qu'était ma serviette par le passé, dans mon plateau. J'avais toujours besoin de m'occuper les mains quant je discutais avec quelqu'un et comme je n'avais pas de bic ou quoi que ce soit d'autre avec moi, j'avais fait avec les moyens du bord. Ce n'était pas des plus distingués comme attitude mais que voulez-vous, on ne se refessait pas.

J'osai un rire discret à sa réflexion. Comparer la bibliothèque à un bunker était sans doute exagéré. Le seul endroit où, personnellement, je me sentais réellement à l'aise était ma propre chambre. Et encore, celle que j'occupais ici me semblait bien plus accueillante que la mienne, dans cette grande maison...

Je pense que tu as raison, pour le surnom. Grégory y sera certainement pour quelque chose, d'ailleurs. Même s'il est absent, il garde des contacts avec certains de ses amis qui sont ici.
Et j'ai du mal à croire que l'on pourrait tenter de te persécuter ! Tu n'as rien d'un souffre-douleur... Enfin, je me trompe peut-être ! Mais en tout cas, moi, je te trouve... "cool" !

Je n'utilisais pas beaucoup ce mot, mais j'avais l'impression qu'il était adapté à la situation, à sa petite personne. Tout en lui respirait la coolatitude, du moins selon moi. Il n'aurait sans doute pas eu autant de mal à s'intégrer s'il n'avait pas tenu à se mettre en travers de la route de Greg et de Tristan, et tout cela pour moi ! Encore une fois, je me retrouvais au centre du problème, en étant le noeud. J'étais réellement maudite...

Enfin maintenant, même si tu décidais de ne plus me fréquenter, il serait déjà trop tard. Je sais de quoi ils sont capables...

Même si je voulais penser à autre chose, je n'arrivais pas à m'ôter le visage de Greg de la tête. Il était totalement furieux, et il réclamerait vengeance tôt ou tard. Tôt, car je le connaissais et qu'il était souvent impatient. Tard, car il lui arrivait de murir un plan durant des mois pour enfin le mettre à exécussion. Il était effrayant... Et dire que toutes les filles en étaient dingues ! Elles ne le voyaient que par son physique, et ne savaient pas qui il était vraiment ! Même moi, je ne le savais pas exactement. Je faisais juste beaucoup d'erreurs, et il me haïssait pour ça, il me le faisait payer. Aussi, en avais-je une image assez négative, mais bien moins que celle que je me portais à moi-même.

J'avais donc bien raison de penser directement à Grégory. Il était sûrement le plus doué pour ce genre de plan. Chaques pores de sa peau respirait la manipulation et le sadisme. Mais cela changerait sûrement. Dès qu'il se retrouverait confronter au monde des adultes et que papa aura arrêter d'être toujours derrière lui pour réparer ses conneries, il ne lui faudrait même pas trois ans pour descendre du statut de mec adulé par les filles et craint par les garçons, à pauvre type sous les ordres d'un autre. J'en aurais mis ma main au feu.

Hum mais ça, malheureusement pour eux, ils ne sont pas encore au courant. La moindre misère qu'il pourrait me faire, je n'hésiterais pas une seule seconde à lui rendre au centuple à ce crétin de Grégory.

Je fus assez surpris par la manière dont elle me qualifia. Cool? On aurait dit que ça sonnait légèrement faux dans sa bouche, comme par manque d'habitude et de manipulation. Que pouvais-je bien répondre à ça? Je me contentais de sourire quelques instants pour me donner plus de temps pour trouver une réponse potentiel.

C'est sympa de ta part de dire ça Evangeline. Bon te vexe surtout pas, mais c'était bizarre. Pas sur le principe, juste que je m'attendais pas à t'entendre dire ça... avais-je bien fait? En tout cas, cela ne semblait pas très concluant. Aussi décidais-je d'embrayer sur un autre sujet. Ca me donne encore une raison de plus pour continuer à traîner avec toi. C'est bien...

Je me contentai tout d'abord d'hocher la tête, terminant ma pomme et déposant le trognon sur mon plateau. Je n'aimais pas du tout la violence, et la vengeance était un mot qui était banni de mon comportement. Certes, il m'arrivait d'avoir un peu de rancoeur -voire beaucoup envers certaines personnes-, mais jamais il ne me serait venu à l'idée de me venger. Par contre, pour ce qui était de la bande de Grégory, ils étaient forts à ce jeu-là. Ils criaient vengeance pour tout et n'importe quoi, cherchant toujours à dominer les autres...

Tu... tu ne devrais pas faire comme eux, dis-je tout timidement en baissant les yeux.

Je ne vis pas son sourire, d'ailleurs, à cause de ça. Mais il répondit vite et, après un instant, je pris sur moi pour relever les yeux vers lui, sans pour autant croiser son regard. J'avais l'impression d'avoir dit quelque chose de mal. Je fus soulagée qu'il change de sujet. Je rougis légèrement et dérivai à mon tour le sujet.

En parlant de traîner, ne nous attardons pas trop ici et allons plutôt travailler ! Sinon, nous n'aurons pas terminé lorsque la bibliothèque fermera !

Je réfléchis quelques instants à ce qu'elle venait de me dire. Hum c'est vrai que faire ça signifiait me mettre au niveau de Grégory et de toute sa clique. J'allais donc éviter de l'imiter pour me la jouer cool, comme le disait si bien Evangelina.

C'est d'accord mademoiselle. Je me tiendrais à carreaux pour avoir l'immense honneur de continuer à vous fréquentez. j'accompagnais tout cela d'un clin d'oeil bien évidément.

Il est vrai qu'il était temps que nous nous mettions au travail. Autant terminer les travaux à l'avance pour profiter des moments qu'il restait pour s'amuser. Je replaçais tranquillement ma cannette sur mon plateau avant de lui répondre. Avec tout ça, j'avais oublier ce détail.

Pour moi c'est quant tu veux. Donc nous pouvons bouger...

Je me relevais le premier et m'emparais de son plateau avant qu'elle n'ait l'occassion de faire quoi ce soit. Je pris ensuite mon propre plateau pour aller les mettre à la place qui leur était désignés. Ensuite, je reviens à ses côtés. Après tout, je ne savais pas où se trouvait la bibliothèque.

Je te suis...

Je fus aussi soulagée qu'il m'assure se tenir à carreaux. Heureusement, il n'était pas comme eux !
Mais sa nouvelle réflexion teinta à nouveau mes joues d'un rouge rosé, tout autant que son clin d'oeil. Je n'avais pas l'habitude qu'une personne affirme vouloir me fréquenter, ou du moins lorsque cela arrivait, c'était loin d'être de cette manière ! Il était bien différent de tous les gens que je connaissais.

Je voulus me lever et me saisir de mon plateau mais avant même que j'aille esquisser un seul geste, il s'en était déjà emparé et l'avait emmené avec le sien pour les ranger. Ensuite, il revint vers moi en me disant qu'il me suivait. J'acquiesçai et me levai avant de sortir de la cafétaria. En chemin, je me tournai vers lui.

Cela te dérange si nous passons d'abord prendre mes affaires dans ma chambre ? J'ai besoin de mon sac pour travailler.

Et peut-être que lui aussi aurait besoin de prendre des notes, à moins que je ne le fasse pour nous deux, ce qui, pour une fois, ne me dérangeait pas et me plaisait même plutôt bien.

On dirait que le rouge était de sortie aujourd'hui. C'était au moins la deuxième fois qu'elle rougissait depuis que nous nous trouvions assis à cette table. C'était mignon mais je ne voyais pas vraiment pourquoi. Enfin après tout, je n'étais qu'un mec qui ne comprennait rien à la psychologie féminine.

Mais qu'importe, en ce moment il fallait surtout que je me concentre sur notre travail en commun. Je ne voulais pas que la moyenne de la demoiselle descende par ma faute. La première chose à faire était de récupérer de quoi travailler. Genre un bic, un bloc de feuille et d'autres éléments vitaux.

Pas de problème. Il faudrait aussi que je passe chercher mes affaires. A moins que tes affaires suffisent? Pour notre bien à tout les deux, il vaudrait mieux que ce soit toi qui t'occupe de prendre les notes. En échange, je manipulerais le livre. Mais c'est seulement si cela te convient...

Je réfléchis à peine un instant avant d'acquiescer en souriant.

D'accord, cela me convient ! Allons-y.

Nous allâmes en vitesse jusqu'à ma chambre et je le laissai sur le pas de la porte pour prendre mon sac en y glissant ma trousse contenant mes stylos et mes crayons. Le reste était déjà prêt dedans. Je le rejoignis et refermai à clé derrière moi, la glissant dans ma poche. Je n'avais rien oublié, d'après moi.

Très bien, nous sommes parés !

Je le dépassai pour le guider jusqu'à la bibliothèque.

Lorsqu'elle pénétra dans sa chambre, j'attendis patiement dans le couloir. J'hésitais à courir dans ma chambre pour chercher quant même de quoi écrire mais finalement je décidais que cela ne servait à rien. Après tout en cas de besoin, je n'aurais qu'à lui emprunter ce qu'il me fallait. De plus, elle sortit très vite ce qui ne m'en laissa pas le temps.

En avant alors!

Fourrant une de mes mains dans ma poche, je laissais l'autre se balancer dans le vide comme à mon habitude. Mentalement, je me rappelais très vite qu'il fallait absolument que je retienne le chemin jusqu'à la bibliothèque, cela ne me ferait pas de mal. Même si pour le moment je m'en sortais pas mal. Je savais comment aller à la cafétaria, rejoindre ma chambre -accesoirement je connaisais aussi celui pour me rendre dans celle d'Evangelina-, aller dans la classe de math, d'anglais, de latin et me rendre à l'accueil -chose assez utile soit dit en passant-.

Hum un de ces quatre, est-ce que tu pourrais me faire un petit topo sur l'école. J'aimerais savoir comment ça se passe ici et aussi où trouver les lieux les plus importants...

Oui, avec plaisir ! Ca n'est pas si compliqué, en fait.

Nous arrivâmes à la bibliothèque et trouvâmes le livre que nous recherchions. Ce ne fut pas du tout pénible de travailler avec lui ! Et nous eûmes terminé environ une heure avant la fermeture. Nous avancions rapidement, ce qui était assez agréable. Je pensais que travailler à deux sur un seul livre nous rendrait la tâche plus ardue et que nous n'aurions peut-être pas terminé le jour-même, mais au contraire, cela accéléra la cadence. J'avais un peu de mal à m'y faire.

Quelques jours plus tard

La sonnerie ne tarderait pas à retentir, c'était le moment de rendre notre devoir. Le professeur appela les groupes un à un et chacun vint déposer son dossier sur le bureau avant d'aller se rasseoir. Lorsque ce fut notre tour, je me levai -ma cheville allait déjà mieux et je pouvais marcher normalement à présent, même si je devais rester prudente et attendre encore un peu avant de remonter sur la glace- et j'imitai les autres élèves en allant déposer le dossier sur la pile qui se formait petit à petit. En retournant à ma place, malgré le fait que je faisais très attention et à cause de la proximité des bancs, je frôlai Grégory de la main qui n'avait rien fait pour éviter ce contact. La sonnerie retentit et tout le monde se leva, empressé. Il m'attrapa la main avant que je n'ai pu m'esquiver, mais personne ne le remarquait -ou personne ne voulait le remarquer. Il me sourit, je ne savais pas à quoi m'en tenir.

-Alors, comment va ton preux chevalier ?

Son sourire s'agrandit, et j'allais sans doute bientôt en connaître la raison. Mais pour l'instant, je restais figée, paralysée par le contact de sa peau contre la mienne.

-Il parait que vous avez fait ce travail tous les deux. Tu as couché avec pour qu'il te prenne en pitié ?

Bien qu'il ne rit pas, ses yeux moqueurs laissaient transparaitre que ça l'amusait de dire cela. Moi, ses paroles me choquèrent, si bien que j'en fus d'autant plus paralysée. Je n'aurais jamais imaginé...

Durant tout le cours, j'avais soigneusement pris note ne prétant pas une réelle attention à Evangeline qui se trouvait à sa place habituelle alors que je me trouvais dans le fond de la classe. Comme c'est elle qui se trouvait la plus proche du bureau du professeur, nous avions décidés que c'était elle qui rendrait le dossier que nous avions élaboré si simplement.

Lorsque la sonnerie retentit, je replacais mes écouteurs dans mes oreilles et fit tourner la roulette qui faisait défiler les morceaux. Après tout ça, j'avais réellement besoin de musique pour me remettre d'aplomb pour être en forme pour le prochain cours.

Mais j'eus à peine le temps d'appuyer sur le bouton "play" et de poser mon sac sur mon épaule, que je tombais sur la tête de débile de ce cher Grégory. Qu'avait-il encore inventé pour tourmenter Eva? Me rapprochant discrètement de lui, je me glissais derrière son banc et posais mes mains sur le dossier de la chaise. Sans le prévenir, je la fis basculer en arrière le retenant juste assez pour qu'il ne tombe pas.

Grégory mon pote alors à peine revenu que déjà tu fais en sorte d'assurer tes prochaines vacances pendant que les autres bossent? J'ai une idée. Ecoute moi bien c'est important, concentre toute ton attention de poisson rouge sur ma voix. Je vais laisser retourner ta chaise à sa position originelle et dès que les quatre pieds auront touchés le sol, je vais te coller mon poing en pleine figure et là tu vas faire badaboum. Mais ça c'est seulement, si tu ne te décides pas toute suite à lâcher sa main et à traîner ton petit cerveau de pervers autre part. Alors tu décides quoi?!

Il ne vit pas Alexander approcher dans son dos. Moi non plus, je ne le remarquai pas s'insinuer derrière lui. Je le vis seulement lorsqu'il fit basculer la chaise en arrière. Je sursautai et voulus reculer, mais Grégory n'avait pas lâché ma main pour autant. S'il avait été surpris, il ne le montra pas à son adversaire. Il pencha la tête en arrière et lui offrit un sourire méprisant.

-Mais voyons, minus, je suis tous les jours en vacances ! lança-t-il avec légèreté. Il n'avait aucunement peur, et il tenait à ce qu'Alexander le sache.

-Je ne vois pas pourquoi je la lâcherais, je n'ai pas terminé de lui parler. Elle ne m'a d'ailleurs même pas répondu, quelle impolitesse, Eva ! dit-il en s'adressant à moi cette fois-ci.

-Enfin, je crois qu'elle a perdu sa langue, ou peut-être que tu la lui as prise ! Tu pourras donc répondre à sa place, je me trompe ? Tu as entendu ma question, au moins ?

Il se tut un instant, toisant Alexander sans se départir de son sourire, qui vint se figer au coin de ses lèvres.

-Je crois que non. Monsieur le Minus écoute de la musique en cours, et il n'entend pas mes questions ! Alors, dis-moi, tu as pris ton pied au moins ?

Aussitôt sa phrase terminée, il donna un coup dans la table devant lui de façon à enfoncer le dossier de sa chaise dans les côtes du pauvre jeune homme derrière lui. Il se releva tout naturellement et lui fit face, prêt à le frapper. Quelques élèves formaient un attroupement dans l'encadrement de la porte, ne perdant pas une miette de la scène depuis que Grégory avait porté le premier coup à Alexander.
Dans le feu de l'action, il m'avait lâchée. Mais, malgré l'absence rassurante de sa main sur le mienne, de cette chaleur insoutenable, je me sentais horriblement oppressée. C'était comme si les murs se refermaient sur moi, comme si je me retrouvais enfermée dans un endroit minuscule qui m'écrasait. Je ne parvenais plus à respirer convenablement, il n'y avait plus d'air ! C'était tous ces élèves qui prenaient l'air qu'il restait encore ! Si cela continuait comme ça, j'allais étouffer !

Mon coeur battait à cent à l'heure, ma tête me faisait mal... Je le sentais, c'était une nouvelle crise. Violente, mais de manière relative. Ce n'était qu'une petite crise, rien de plus...
Même en me disant cela, je n'arrivais pas à me calmer. Toujours cette impression d'oppression, d'écrasement, de fin. C'était la fin, la fin de tout ! Il n'y avait plus d'air, du moins je n'arrivais plus à le respirer. Mon sang battait dans mes tempes et me donnait une de ces migraines ! Je ne pus m'empêcher de me tenir la tête de mes mains, essayant de calmer cette douleur aigue, comme si l'on me martelait le crâne. Et le pire, c'était que je me retrouvais à présent toute seule, il n'y avait personne pour m'aider ! Il n'y avait plus que moi et les murs qui se rapprochaient de plus en plus. Ils ne tarderaient pas à me frôler, puis à m'écraser avec une force invinsible !! Mais de toute façon, la douleur était déjà là, alors ça n'aurait rien changé...