Bal de Printemps, ou Lune perverse

Je n'avais aucune idée de comment elle était arrivé ici et de la raison de sa présence mais une chose était certaine, je ne voulais pas qu'elle s'en aille même si elle ne ressemblait à rien dans ce corps. Il était inconcevable pour moi de la laisser partir ne fus-ce qu'un instant maintenant que je l'avais retrouver! Je ne cessais de l'embrasser, voulant me prouver encore et encore qu'il ne s'agissait pas d'un mirage ou d'une autre chimère que m'offrait la mort! Jusqu'à ce qu'elle se décide à parler. Je pris alors le temps de l'écouter et même de lui répondre tant que nous y étions.

Ne parle pas de temps je t'en prie, les secondes ne passeraient que plus vite... Oh Serenity, je t'aime tellement! Qu'est-ce que cela m'a manquer de ne plus pouvoir te le murmurer au creux de l'oreille...

Que le destin nous laisse ne paix, lui qui avait oser nous laisser errer entre le monde des vivants et celui des morts sans nous permettre de nous retrouver dans l'au-delà! Il nous devaient ses instants, il ne pouvait donc pas nous les voler!

Ces mots, maintes fois j'avais rêvé de les entendre à nouveau ! Sa voix était différente, mais c'était bien lui qui mes les disaient. Je ne pouvais décrire ce que je ressentais en cet instant, car c'était au-dessus de tous les sentiments possible !

Je t'aime, je t'aime encore bien plus ! J'aimerais te le répéter des centaines et des centaines de fois, à l'infini, que je serais loin de te l'avoir assez dit ! Mille vies et bien plus encore me serai nécessaire pour te prouver à quel point je t'aime. Et chaque seconde sans toi a été un calvaire car je ne faisais que penser à toi, toi mon amour !

Je l'embrassai à nouveau en me collant à lui, attrapant son visage de mes deux mains pour le sentir sous mes doigts - différent mais tellement pareil. Il était là, il était là avec moi. Il me serrait dans ses bras et nous nous embrassions. Le temps était beaucoup trop long sans lui... Nous avions vécu tellement de choses dans notre vie, rarement roses, que même la mort avait décidé de nous séparer pour perpétuer le mauvais destin qui nous avait réuni pour mieux nous détruire. En quelques secondes, ce fut toute cette vie qui défila dans mon esprit, par son contact retrouvé. Cette vie où nous nous étions trouvés et perdus maintes et maintes fois ! Les larmes en coulaient sur mes joues, larmes d'une joie amère, mais d'une joie tout de même de le retrouver enfin après tout ce temps !

Alors que nous nous trouvions seul, dans la nuit, une troupe d'indésirable se rassembla dans la cour, passant par le même chemin que nous y a une dizaine de minutes. Se groupant sous un auvent, ils observèrent le ciel, aussi excités que des puces. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez ces humains? Il n'y avait pas grand intérêt à regarder ce rideau de tissu bleu nuit alors qu'aucunes étoiles ne le parsemait à cause d'un étrange phénomène.

Gêné par la présence de ces êtres immondes, je lâchais Serenity et pris sa main dans la mienne, serrant délicatement ses doigts. Je l'aidais à se relevée avant de chercher un autre endroit où nous pourrions être tranquille. C'était donc impossible de ne pas être déranger par les habitants de cette étrange demeure?

Allons-nous en! Je ne crois pas que cela soit normal pour eux de voir deux adolescents se comporter de cette façon. Enfin, ce n'est qu'une théorie...

Mais alors que nous nous apprêtions à quitter la compagnie des humains, une aura des plus étranges me frappa. Il y avait quelqu'un ici que je semblais connaître mais j'étais bien incapable de trouver de qui il s'agissait et où il se trouvait. Mais j'oubliais très vite cette impression car un pétardement de tout les diables me fit sursauter. Qu'étais-ce donc que ce bruit étrange! Me bouchant les oreilles, je levais les yeux au ciel, remarquant que cela venait de là. Des étranges lumières l'illuminait le rendant tantôt rouge, tantôt vert encore bien après bleu et jaune.

Nous ne tardâmes pas à être envahis par une troupe de jeunes personnes qui sortaient elles-aussi de cette fête étrange. Elles admiraient un ciel sans étoile, gris, terne. Je n'y trouvais aucun intérêt, d'autant plus que ce dernier n'était porté que sur une seule et même personne : Valdios. Le ciel aurait pu être magnifique ce soir, pour l'instant, je ne faisais que de me prouver tant et plus qu'il était bien là !

Mais il décida soudain de se lever pour sans doute échapper à la foule qui se pressait toujours plus nombreuse au dehors, comme si elle attendait quelque chose. Le ciel allait-il se couvrir d'étoiles lorsque le voile en serait éloigné ?

Oui, partons... Je n'ai en réalité pas envie de te partager avec eux...

Je lui souris à cette réflexion qui était tout à fait vraie. Un étrange - oui, ce mot revenait étonnement souvent - retentit autour de nous et je ne pus retenir un cri de surprise. Qu'est-ce que c'était ? Cherchant partout autour de moi, serrant les doigts de Valdios bien plus fort à présent, je finis par suivre le regard de tous les autres et je levai mes yeux vers le ciel où un ballet explosif venait remplacer les astres d'antan.

Valdios, que se passe-t-il ?

Tu viens d'exprimer tout haut le fond de ma pensée, Princesse...

Quelques peu effrayé, je la tirais à ma suite vers un endroit que j'espèrais sûr. Ce monde était décidément bien trop bizarre que moi. Ainsi coloré, le ciel paraîssait bien plus hostile, comme si on l'attaquait sans qu'il puisse réagir. Ces humains étaient décidément bien sadique pour jouir ainsi de la destruction d'un tel panorama. Surtout qu'il était déjà bien abîmé!

Passant sous un petit toit où régnait l'obscurité, je collais mon dos à la façade tout en tenant la belle contre moi. J'espèrais que ce moment passe vite, ne supportant pas de me retrouver ainsi face à un ennemi inconnu contre lequel je pouvais pas lutter.

Ce sont des barbares! Pourquoi est-ce que nous avons été envoyer ici. Bien sûr, tant que tu es avec moi je pourrais survivre à n'importe quelles conditions, mais quant même c'est pour attraper une crise cardiaque cette chose.

Pauvre ciel ! Pourquoi ces gens infligeaient-ils une telle douleur à ce ciel qui les berçait chaque nuit ? Ce ciel qui avait toujours été là pour eux, même si on ne l'apercevait plus très bien aujourd'hui... Je me sentais mal pour lui ! Je ne comprenais rien...

Techniquement, nous sommes déjà morts, Valdios... Je ne pense pas que nous pourrions être sujets à une crise cardiaque. Néanmoins, je n'en ai aucune preuve. Ces corps ont l'air bien vivants...

Je pouvais en effet le toucher et ressentir sa présence. Nous étions bien concrets, il n'y avait pas de doute à avoir là-dessus.

Allons-nous rester encore longtemps ici ? Ce bruit et cette agitation insupportent après toutes ces années dans le silence complet...

C'était en effet un immense changement. Mon corps semblait habitué à ce genre de choses, mais j'avais l'impression qu'il émettait une certaine restriction, comme s'il voulait m'en éloigner...

Juste! Décidément, tu n'as rien perdu de ton esprit vif et malin avec les années, Serenity...

Alors non ce n'était pas un boutade et oui, j'étais parfaitement sérieux. Contrairement à ce que les gens pensaient, en fait la plupart des hommes étaient persuadés que les femmes étaient des idiotes, elle avait toujours été vive d'esprit comme de corps. Ah que de souvenirs...

Il ne serait pas correct d'abîmer des prêts que quelqu'un d'inconnu nous fait. Nous allons donc faire attention à ne pas les tuer durant le temps qui nous est accordé...

- Je ne voudrais pas te contrarier mon cher Valdios, mais je pense que cela ne sera pas possible.

Surpris, je retournais vers l'homme qui sans un bruit nous avait rejoins et je fus frapper par sa ressemblance avec...

Nous voilà nouveau face à face, Chris... C'est fou comme tu ne m'as pas manquer dans l'au-delà!

Merci, c'est gentil de dire ça. Si tu essaies de me flatter, je peux te dire que tu as réussi !

Je lui offris un beau sourire pour ce compliment. Que n'aurais-je pas donné durant toutes ces années pour l'entendre m'en faire à nouveau un après m'avoir avoué une nouvelle fois son amour ?!

Mais j'y ferai bien attention ! J'ai toujours fait très attention à ce que l'on me prêtait...

Cette voix... ce n'était pas la sienne, mais je reconnus tout de même mon mari. Que faisait-il ici lui aussi ?

Chris ? ne pus-je m'empêcher de constater en l'observant attentivement. Oui, il y avait un petit air de Chris...

Vous n'allez tout de même pas recommencer à vous battre ici, devant tout le monde, et avec ces corps qui ne nous appartiennent pas ?! Je suis surprise de te retrouver... Mais tu m'as manqué toi aussi... Alors ne viens pas tout gâcher, s'il te plait.

- Que veux-tu que cela me fasse?! Ce corps m'appartient! On me l'a donner pour que je puisse faire tout ce que je n'ai pas eu le temps de faire de mon vivant. Je vais commencer par me débarasser définitivement de ce freluquet qui me fait de l'ombre depuis trop longtemps!

Tu n'abandonneras donc jamais?! De l'eau à couler sous les ponts, cela fait plusieurs siècles que nous ne nous sommes pas croiser, alors ne pourrions nous pas oublier tout simplement le passé...?

- Tu me prends donc pour un imbécile!

Hé ben, niveau caractère il n'avait pas changer d'un pouce! Quant allait-il apprendre à rester calme?! Alors que cela ne faisait que quelques minutes qu'il se trouvait ici, Chris s'avança vers nous et me balaya d'un revers de la main avec une grande facilité. Dans ce corps mes mouvements ne ressemblaient plus à rien, c'était une vrai horreur. Je parvenais à me rattraper et retombais un peu plus loin sur mes deux pieds. Notre "ami" des temps anciens lui était déjà aux côtés de Serenity, ses doigts venant effleurés sa joue.

- Tu oses me dire que je t'ai manqué?! serrant son visage entre ses deux mains, il la força à relever la tête, la toisant furieusement de son regard de braise. Et parce que je te manque, toi tout ce que tu trouves à faire c'est retourner dans ses bras?! Tu es toujours pareil, à la moindre occasion tu me trahis avec ce batârd!

Décidément, il ne changeait donc pas. Je pensais que tout s'était calmé, mais il me prouvait le contraire. Je croyais que tout était fini. Durant nos dernières années de vie commune, tout s'était relativement bien passé, nous n'avions plus de problèmes.
Après son petit "entretien" avec Valdios, il l'envoya balader avec une certaine violence.

Valdios ! criai-je lorsque ce dernier réussit à se réceptionner, pour mon plus grand soulagement.

Mais alors que je voulais le rejoindre pour m'enquérir de son état, Chris s'interposa et effleura ma joue du bout des doigts. Son toucher était lui aussi différent, dans ce corps que je ne lui reconnaissais pas. Mais cette assurance et cette aura de puissance qui émanait de lui n'aurait pu appartenir à personne d'autre !
Il ne tarda pas à se saisir de mon visage et à me forcer à le regarder, moi qui voulais regarder si Valdios n'avait rien. Le ton de sa voix ne présageait rien de bon depuis le début, mais là elle me glaça bien plus encore les sangs. J'avais cru ne plus jamais pouvoir ressentir ce genre de sensation, c'était cependant sans compter sa présence et son soudain revirement de bord. Tout allait-il recommencer... ?

Chris... écoute... Je ne savais même pas que tu étais là ! Je pensais que nous n'étions que tous les deux, Valdios et moi ! Et puis, nous sommes... morts !! Ce n'est plus pareil... Je ne pense pas te trahir en quoi que ce soit. Je pensais que tu avais enfin changé les dernières années, alors ne recommence pas s'il te plait.

Je redoutais que mes observations aillent plus loin et se confirment plus amplement dans quelques minutes. Je ne désirais pas cela, je voulais juste être en paix. J'avais assez donné dans les conflits que pour en être enfin débarrassée par la mort !

Les paroles de Serenity ne faisaient qu'agraver la situation. Il était dans une colère noire et le fait d'être dans un endroit étranger, dans un corps qu'il ne connaisait absolument pas, n'allait pas le déranger plus que cela. C'est donc encore plus énerver et les dents serrées qu'il souffla méchament.

- Même dans la mort! Tu avais promis, Serenity. Même maintenant tu continues de m'appartenir, je ne te laisserais à personne. Tu m'entends?! Jamais!

Il planta un baiser sur ses lèvres avant de la relâcher brutalement pour revenir à moi.

- A nous deux maintenant. J'ai attendu ce jour si longtemps, ce n'est pas maintenant que je vais te laisser filer. EN GARDE, Valdios! hurla t'il.

J'avais dit un mot de trop et cela l'avait bien plus énervé encore. Mais j'avais raison ! Nous étions morts à la fin, que pouvait bien signifier cela ? Ca ne durerait même pas... Alors ne pouvions-nous pas en profiter un peu ?
Avant que j'aie pu lui répliquer, j'eus droit à un baiser brutal mais assez bref. Ensuite, il se tourna vers Valdios.

- A nous deux maintenant. J'ai attendu ce
jour si longtemps, ce n'est pas maintenant que je vais te laisser
filer. EN GARDE, Valdios ! hurla-t-il.

Son cri attira plusieurs jeunes gens qui se tournèrent vers nous, intrigués.

S'il te plait Chris, calme-toi...

Je ne désirais pas qu'il déclenche un scandale, mais encore moins qu'il commence à se battre contre Valdios, ce qu'il ne tarda hélas pas à faire... Se rapprochant rapidement du jeune homme, il lui envoya une bonne droite dans l'estomac, histoire de lui faire recracher son dîner s'il ne tombait pas dans les pommes !

- Nous allons régler nos comptes une bonne fois pour toute, bâtard ! Tu vas regretter d'être venu nous troubler dans ce moment de retrouvailles. Tu si n'avais pas été là, Serenity et moi aurions pu passer un excellent moment, si tu vois ce que je veux dire !

Cet enfoiré ne faisait pas qu'être en colère, il voulait que je le sois aussi! Sûrement une de ses petites stratégies pour me faire sortir de mes gonds et que je l'attaque sans réfléchir. Je n'étais pas si stupide, ou plutôt j'avais évolué au cours de ces dernières années grâce à ses intenses moments plongés en moi même, et ce n'était parce qu'il le désirait que j'allais foncer droit dans son piège. La tapis de feuilles au-dessus de la fosse, cela ne fonctionnerait plus. Plus jamais!

Tu rêves mon vieux...

Me tenant le ventre de mon bras gauche, je me servais de ma main libre pour essuyer le sang qui coulait à la commisure de mes lèvres. Il ne m'avait pas louper puis-ce que je n'avais pas réussi à esquiver et quant plus j'avais eu peur de faire barrière avec les membres du corps du jeune homme que j'habitais. Je ne savais absolument pas s'il était résistant et il était hors de question que je lui casse le bras.

Fouah c'est dans ces cas là qu'on se sent vivant! Merci pour cette agréable impression, Chris...

Profitant de sa proximité, je me jetais sur lui, écrasant sa mâchoire de mon poing avec de lui administer un coup de pied en plein visage encore une fois.

Je t'en suis tellement reconnaisant que je veux que tu ressentes la même chose, c'est gentil non?!

De plus en plus de ces jeunes étranges nous entouraient, curieux. Ils avaient tous un visage étonné, surpris, comme si cela n'arrivait jamais ici.

Vous avez vu ? Greg a embrassé Eva et il s'est jeté sur Alexander...

- Il règle ses comptes ? Il avait pas dit qu'Eva était sa propriété ?!

-- Et elle sort avec Alex, il doit pas supporter ça...

Les murmures allaient bon train et augmentaient au fur et à mesure qu'ils se retournaient. Mais Chris n'y prêtait guère attention. Même, être entouré d'un public qui l'admirerait mettre la pâtée à cet avorton qu'il haïssait tant était grisant !
Valdios riposta alors et lui abima le visage, ce qui entraina des exclamations de surprise tout autour : Grégory s'était fait avoir...

Allez Greg ! Fais-lui sa fête !

- Montre-lui qui commande ici !!!

-- Massacre le nouveau, Greg ! Te laisse pas faire !!!

Avec le peu de réflexion dont j'étais capable, je réussis à identifier qui était qui : Valdios avait le corps d'un certain Alex, Chris de Greg et moi, celui d'une jeune fille nommée Eva. Et Greg, donc Chris, était soutenu par tous les élèves...

- Salop ! Tu vas me le payer !

Il se fichait d'abimer le corps de son hôte, comme il s'était toujours fichu du sien tant qu'il lui apportait la victoire. Il bondit donc sans attendre sur Valdios, lui assénant un coup de poing au visage, lui rendant ainsi son coup. Ensuite, il chercha une arme à proximité et ne trouva rien d'autre qu'une grosse dalle qui dépassait. Il l'arracha et la lança rapidement sur Valdios qui était à proximité. Celui-ci aurait vraiment beaucoup de chance s'il l'évitait !

Mais c'était qui tout ces débiles qui nous regardaient comme si c'était le spectacle le plus amusant de leur vie?! En plus, pour eux cela semblait normal que l'on se jete l'un sur l'autre, comme si cela arrivait souvent ou que la tension montait depuis un certain temps entre nos corps respectifs. Quoi qu'il en soit, ils ne m'aidaient pas à me concentrer...

Alors bien sûr, lorsque la dalle arriva sur moi, je me retrouvais dans une position plutôt délicate. Puis-ce que le corps de ce Alex se montrait incapable d'éviter, j'allais devoir me débrouiller autrement. Et dire que dans mon propre corps j'aurais pu me contenter d'utiliser mes pouvoirs pour la repousser!

A la dernière minute, je me jetais au sol et le projectile s'écrasa par terre à quelques centimètres de moi. Ouf je l'avais échapper belle cette fois encore. Je me relevais rapidement, prêt à contre-attaquer lorsqu'une sensation cotoneuse s'empara de moi. Encore?! Non, je n'allais pas déjà devoir retourner dans l'au-delà?! Pas maintenant, pas alors que j'allais enfin pouvoir éjecter Chris!

- Oh! Mais que se passe t'il ici?! Ecartez-vous! Aller laisser moi passer!

Une femme, l'une des profs des terminales se fraya tant bien que mal un chemin dans le groupe d'adolescents qui nous entouraient et se précipita vers nous.

- Veuilliez arrêter de vous battres immédiatement! Monsieur Stewart, Monsieur Lanrieux! Vous m'avez bien compris...!

On se reverra... murmurais-je à son attention. La prochaine fois, on ira jusqu'au bout!

Et puis, il n'y eut plus rien. Juste ce silence qui tout d'un coup prenait une tournure cauchemardesque...

Attention ! criai-je alors que le projectile quittait les mains de Chris.

Je retins mon souffle et Valdios réussit de justesse à lui échapper. J'en fus soulagée qu'il n'ait rien. Mais ce ne fut pas pour longtemps... Le flou m'aspira, le silence, le noir, le vide. Non, je n'allais pas déjà y retourner ! Je voulais rester encore avec Valdios, il m'avait tant manqué ! Ce n'était pas juste ! Et je ne pouvais même pas me débattre... J'eus juste le temps d'apercevoir une adulte écarter la foule en criant, puis plus rien, le néant, le retour à la mort et à l'éternité...

POV Eva

La tête me tournait. Que s'était-il passé ? Je m'étais sentie mal dans la salle, puis c'était le flou total ! C'était comme si j'ouvrais les yeux. Tous les élèves nous regardaient. Madame Struzik demandait à Alexander et Grégory d'arrêter de se battre. Les murmures allaient bon train et un brouhaha incessant s'élevait de partout autour ! J'avais raté un épisode, et pas un petit ! Il y avait trop de monde. Pourquoi nous regardaient-ils tous ? Que s'était-il passé ?

Un bonbon, un bonbon... murmurai-je en cherchant en vain une poche à ma robe. Mais elle n'en possédait pas. Où avais-je mis mon sac ? De toute façon, un bonbon à la fraise n'aurait pas suffi, il me fallait mes médicaments ! Mais je ne les avais pas... Qu'allais-je faire ? Il y avait de moins en moins d'air, ils prenaient trop de place, il n'y en avait plus assez pour moi ! "Reculez ! Allez-vous-en" avais-je envie de crier, mais je ne le pouvais pas.

La panique m'envahit rapidement après cet évènement étrange. Mes jambes approchaient du cotton et je posai ma main sur la mur le plus proche pour ne pas m'écrouler. Ils allaient tous être témoins... Encore une fois, j'allais m'humilier devant eux ! Mais je ne pouvais stopper le processus...

- Comment avez-vous pu faire une chose pareille?! Gâcher cette fête, c'était vraiment ce qu'il manquait à votre palmarès messieurs!

Furieuse, l'enseignante nous jeta un regard noir avant d'accueillir les autres professeurs pour leur expliquer ce qu'il venait de se passer et ce à quoi elle avait assister. Elle avait bien sûr insister sur le fait qu'elle était intervenue à temps et que cela aurait été la catastrophe si elle n'avait pas fait justement une ronde dans le coin.

Notre titulaire, Monsieur Stock, apparu bientôt derrière elle et se mit lui aussi à nous réprimander. Il menacait de l'exclusion, mais je doutais que cette affaire aille plus loin que le conseil de discipline. Nous nous en sortirions avec des heures de colle et sûrement un bon nombre de travaux supplémentaires à rendre. Rien de bien méchant quoi! Même si je commencais à me poser des questions.

Qu'est-ce que je faisais à me battre avec Grégory?! Je ne me souvenais pas d'avoir commencer une quelconque bagarre et encore moins du jeune homme. Je l'avais bien aperçu dans le soirée, mais nous ne nous étions même pas retrouver face à face! Et sûrement pas dehors. Alors que nous suivions notre professeur, les autres se regroupèrent autours d'Evangelina. Celle-ci ne semblait pas être au mieux de sa forme comme d'habitude...

Je voulu aller la voir, mais on ne m'y autorisa bien sûr pas, préférant m'emmener dans le bureau du directeur pour qu'il s'occupe de nos cas. Je me trouvais déjà suffisement dans la mouise, j'avais tout intérêt à me tenir tranquille et à ne pas désobéir pour le moment.

Je ne remarquai même pas leur départ, et à peine les professeurs arrivés avant. Il y avait trop de monde et trop de bruit !!

-Ca va ? Tu vas t'en sortir ?

Je ne voyais même pas le visage de celui qui parlait. Je ne savais pas s'il plaisantait, comme toujours, ou s'il était sérieux. Etait-ce une fille, un garçon ? Je ne savais plus... Il y avait trop de questions, trop de conversations autour de moi. Et pas assez d'espace ! Bien trop peu d'espace pour que je puisse respirer !! Mes poumons étaient compressés par toute cette foule avide, ce monde qui se pressait autour de moi. Et je sentais que je n'allais pas tarder à craquer. Ils ne me laissaient pas tranquille, ils voulaient tous savoir ce qu'il s'était passé. Mais je n'en savais rien moi-même !!

Ils parlaient de quoi ? Et ils se sont vraiment battus pour toi ? Tu rigoles j'espère...

Je ne disais rien. Je ne savais rien dire, je n'avais plus de voix, et même plus la force d'ouvrir la bouche pour leur répondre. Et leur répondre quoi ? Je n'en avais aucune idée...

-Poussez-vous ! Vous voyez bien qu'elle a besoin de respirer ! Allez, reculez !!

Non mais pour qui il se prend celui-là ??

-Je suis un ami à elle, et il n'y a plus rien à voir ! Circulez !

Apparemment, il joua des coudes pour parvenir jusqu'à moi sans que je m'en rende compte. Il poussa plusieurs élèves et les écarta rapidement. Du moins, aussi rapidement que c'était possible. Lorsque les derniers élèves réticents quittèrent les lieux en ronchonnant, il se tourna vers moi et je vis une ombre se pencher légèrement entre la lumière et moi. Je fixais le sol que je voyais à peine.

-Est-ce que ça va ? Tu as besoin de quelque chose ? Un verre d'eau ?

Caleb eut une hésitation avant de poser sa main sur mon épaule.

-Tu veux que je te raccompagne dans ta chambre, Evangelina ?

Je fis un effort considérable pour hocher la tête. Là-bas, je retrouverais mes médicaments et peut-être pourrais-je me calmer !!

-D'accord. Viens...