Oh un fossile... O_o

Malgré ma distraction, je réussis à travailler correctement durant une bonne heure, jusqu'à ce qu'on frappe à ma porte, me tirant de mes devoirs. Je me tournai vers le bout de bois, hésitante. Qui pourrait bien venir à cette heure-ci ? Jamais aucune des filles n'était venue m'adresser la parole !
Lorsque sa voix retentit, je fus rassurée de savoir que c'était lui et personne d'autre. Mais aussitôt, une autre question s'imposa à mon esprit : pourquoi était-il venu jusqu'ici ? Et que me voulait-il ?

Je me dépêchai d'aller lui ouvrir la porte, la déverouillant par la même occasion. Je le trouvai appuyé contre l'encadrement de manière assez nonchalante.

Qu'y a-t-il ? Il y a un problème avec mes notes ?

C'était la seule raison qui me venait à l'esprit. Peut-être n'avais-je pas été assez claire ! Je m'en voulais déjà d'avoir pu manquer à tous mes devoirs !

Non, non. Tes notes sont parfaite, en fait je venais simplement te remercier une nouvelle fois. Cela va vraiment me simplifier la tâche et me faire gagner un temps précieux.

Les notes! Bon sang, j'avais oublier de les ramasser avant de partir! Il n'y avait plus qu'à espérer que je n'ai pas marcher dessus, Evangelina n'avait quant même pas travailler plus longtemps pour rien! Bref, je me promis de vite les prendre et d'en prendre soin dès que je serais de retour dans ma chambre, mais en attendant ayons l'air naturel dans ce que nous disons. Heureusement que j'avais appris à mentir avec les années.

En fait, je venais aussi pour autre chose. Je ne veux pas pas remettre le sujet d'hier sur le tapis, mais ton médecin m'a demander de veiller à ce que tu prennes bien tes médicaments. Il avait peur que tu ne les oublies de manière trop régulière et que tu refasses une crise...

Et une bonne chose de faite, une! Jouant nerveusement avec les manches de mon pull, je relevais les yeux vers elle de temps à autre, me concentrant tout autant sur le sol. Pourquoi je ne pouvais pas me contenter de faire comme si de rien n'était!

Je fus mille fois soulagée de l'entendre dire ça, même si un doute persistait toujours : il était bien possible que mes notes soient mauvaises !

Bien, tant mieux alors ! Et ce n'est rien, c'était avec plaisir ! Je me sentais coupable de ce qu'il t'était arrivé...

Je finis par m'effacer pour le laisser entrer, pressentant qu'il avait autre chose à me dire. Et puis, s'il était repéré devant ma chambre, dans le couloir des filles, à cette heure-ci, il aurait eu des ennuis !
Mon intuition ne me trompa pas et il reprit bientôt, ravivant les évènements de la veille à ma mémoire. Je me tus un instant avant de me tourner vers mon réveil.

Tu as raison ! Je n'ai pas fait attention à l'heure ! Heureusement que tu me le rappelles...

Je me dirigeai vers ma table de chevet et y pris quatre cachets et pillules de différentes couleurs. J'en déposai un sur la table et remplis mon verre d'eau au lavabo avant de les avaler un à un, laissant le quatrième. Je me laissai quelques instants pour respirer puis me retournai vers lui.

Merci.

Je me sentais un peu bête à cause de ma maladresse...

Il ne faut pas. Je vais t'avouer que j'ai un peu agravé mon état pour que le prof me laisse sortir, j'étais un peu patraque mais bon rien de terrible.

Suivant ses gestes, je pénétrais dans la pièce lorsqu'elle s'effaça dans le but de me laisser passer. C'était une bonne idée, je ne tenais vraiment pas à me faire surprendre. Mais avant d'entrer, j'avais quant même prit la peine de vérifier que personne n'arrive, on ne savait jamais. Et puis autant être devant la chambre passait encore, mais alors y entrer cela aurait été quelque peu problématique.

J'avais décidément bien fait de venir la voir. Ne connaisant pas ses médicaments, je ne savais absolument dans quelles conditions ils devaient être prit alors autant faire en sorte qu'elle ne les oublie pas un seul jour. Je l'observais donc discrètement prendre ce qu'elle avait à prendre, mes yeux vagabondant de temps en temps dans la chambre pour l'observer.

Bah de rien, c'est normal. Je réfléchis quelques instants avant de continuer sur autre chose à laquelle, je n'arrivais réellement pas à m'habituer. Tu étais vraiment sérieuse tout à l'heure? Ce n'était pas juste pour ennuyer Grégory, n'est-ce pas...? Le pire c'est que cela n'avait rien à voir dans la conversation, mais quel débile!

Il m'avoua avoir légèrement simulé tout à l'heure, ce qui me surprit énormément ! Mais je n'osai rien dire, me contentant de prendre mes médicaments alors qu'il détaillait ma chambre.
Je me rendis compte qu'il était rare que j'invite quelqu'un à entrer dans ma chambre, car c'était mon chez moi, le seul endroit où personne, en général, ne pénétrait. Et c'était la deuxième fois qu'il entrait ici ! Etrangement, cela me dérangeait peu qu'il soit là... Tant qu'il ne touchait à rien, bien sûr !

Je me mis soudainement à l'idée de ranger les quelques feuilles de devoirs sur mon bureau et je remis tout correctement dans mon sac. Je me sentais mieux, ma chambre était propre et ordonnée !

A sa question, je n'osai pas lever les yeux vers lui. Je restai silencieuse, repensant à la scène de l'après-midi. J'avais voulu le défendre, mais il y avait bien plus que cela... Je voulais dire oui... Jamais je n'aurais dit ces mots pour ennuyer quelqu'un !

J'étais tout ce qu'il y a de plus sérieuse... Enfin, je crois !

Je jouais distraitement avec mes mains, mal à l'aise. Je ne savais pas comment réagir devant cette affirmation qui venait de moi, que je désirais prononcer, mais qui me semblait pourtant presque irréelle et pire, interdite !

Hum okay alors...

Mais quelle réponse bidon! Il me fallait trouver quelque chose d'un peu plus profond et surtout de plus joyeux. J'avais l'air de m'en foutre complètement alors qu'en réalité c'était le bazard dans mon esprit. Je ne trouvais rien, restant là comme deux ronds de flanc. Pire que quant Lucky Luke, il perd ses colts et que Jollyjumper se retrouve les quatre fers en l'air à se fendre la poire.

Un facheux incident vient pourtant me couper dans la réflexion plus que douteuse. Et dire que l'inspiration commençait à s'approcher fébrilement de moi! Donc ce facheux incident n'était autre qu'un humain. De sexe masculin si vous voulez tout savoir. Je ne sais pas ce qui lui avait prit, mais en tout cas, il avait pénétrer dans la chambre sans frapper, se comportant comme le pire des sans gênes. Et en plus,il nous impossait le silence de manière suppliante, le dos collé à la porte qu'il venait de refermer! La voix de deux ou trois filles finit enfin par résonner et il ne fut pas difficile de comprendre que c'était à cause d'elle que ce type se cachait. Personnelement, je ne savais pas ce qu'il avait fait et je ne voulais pas le savoir, mais une chose était sûre j'avais terriblement envie de la foutre à la porte.

On te dérange pas là? C'est bon, tu permet qu'elle reste dans sa chambre? lâchais-je avec un brin de cynisme dans la voix.

Sa réponse, étrangement, me serra le coeur sans que j'ai réellement conscience du pourquoi. Mais après tout, c'était une réponse classique, comme on en sort tous les jours, et à tout le monde. Une réponse passe-partout, quand on ne savait pas quoi dire...

Le silence s'installa entre nous jusqu'à ce qu'il soit brisé par un jeune homme qui était entré dans ma chambre sans prévenir, comme un forcené, et qui avait claqué la porte aussi sec. J'écarquillai les yeux de surprise et sursautai à ces bruits. Bientôt, plusieurs voix de filles résonnèrent dans le couloir et s'éloignèrent presque aussitôt. Elles en avaient après lui, mais pourquoi ? Et que faisait-il ici, dans ma chambre ?? Il violait mon espace privé, ma bulle d'oxygène !!!

Alexander fut le premier à réagir, et de manière fort cynique, du moins le compris-je ainsi. Je déglutis péniblement tout en essayant de garder mon calme.

Qui êtes-vous ? Et... et que faites-vous ici ? l'interrogeai-je d'une petite voix.

Sans la moindre politesse, je le détaillais de haut en bas, tentant de savoir si je l'avais déjà croisé quelque part. Manque de chance, il s'agissait encore d'un inconnu qui venait s'ajouter à ma liste déjà trop longue. Il n'avait pas un physique remarque, ou du moins il faisait tout pour avoir l'air passe-partout. Une taille moyenne, peut-être deux centimètres de plus que moi, une silhouette légèrement musclée sans être carrée et une tignasse brune surplombant le tout. C'était comme s'il y avait eu une bataille dans ses cheveux et qu'il ne s'en était même pas rendu compte. Mais bon, ça c'était peut-être aussi dû à sa course-poursuite avec les demoiselles de l'internat.

- En voilà une excelente question! Qui je suis... Euh moi c'est Caleb. Je suis en terminale pas besoin de stresser je suis pas un fou qui attaque les jeunes filles à la nuit tombée.

Je veux pas te vexer mais quant tu dis ça, tu te rends encore plus louche... Enfin ce n'est que mon avis mais bon.

- Sympa... Bref ce que je fais là? Eh bien je tente d'échapper à ses furies. Elles me font toute une crise parce que j'ai pitoyablement tenter de m'introduire dans la salle de bain des filles. Si vous voulez tout savoir, je n'ai rien vu, elles m'ont chopé trop vite!

Sincèrement, je ne savais pas ce qui était le plus pitoyable dans cette histoire. Qu'il ait voulu aller mater les filles ou qu'il se soit fait prendre directement? Finalement je décidais de choisir la première proposition, l'autre me faisant passablement passer pour un pervers moi aussi dans un certain sens.

Je ne l'avais jamais vu ici, peut-être était-ce une nouvel élève ? Mais je ne connaissais pas réellement beaucoup de monde, donc j'écartai aussitôt cette possibilité. Il avait l'air de trop bien s'y connaître pour être nouveau ici !

Il se présenta enfin comme étant Caleb. Il se disait en terminal, ce qui n'était pas étonnant selon moi vu sa carrure, même si l'on avait plutôt l'impression qu'il venait de courir des kilomètres. C'était peut-être le cas, après tout. Quoique les douches collectives des filles étaient à seulement cinquante mètres.

J'étais réellement choquée par son histoire ! C'était insensé de s'introduire de cette façon dans les dortoires et les douches des filles ! Il n'avait pas vraiment le droit d'être là. Il me faisait de plus en plus peur ! Heureusement qu'Alexander était arrivé et qu'il m'avait rappelé de prendre mes médicaments, car je sentais déjà leurs effets, sinon je connaissais déjà les conséquences de son entrée ici... Et puis, simplement la présence du jeune homme que je connaissais depuis si peu de temps mais avec qui je "sortais" (mot toujours difficile à prononcer, car tellement nouveau) me rassurait bien plus que si j'avais été seule face à cet imprévu de grande taille et cet énorme chamboulement !

Je m'assis sur mon lit et pris un bonbon à la fraise dans le tiroir de la table de nuit. Il me fallait bien ça !

C'était à se demander si ce type avait un peu de bon sens! On même bêtement une once de savoir vivre. De un, il était entrer dans la chambre d'une inconnue et en plus à aucune reprise, des excuses quittèrent ses lèvres. Il avait l'air de ne rien à voir à faire, ou même de ne pas réaliser, que son comportement était particulièrement grossier.

Raconter tes exploits devant des mecs passent encore, mais ce n'est pas très futé de balancer cela alors qu'il y a une fille dans la pièce. Je commence sérieusement à me dire que je vais aller te donner en pâture aux tigresses déchaînées qui se trouvent dehors! Avec un peu de chance, elles te réduiront immédiatement en charpie et tu n'auras même pas le temps de souffrir...

- C'est pas bête ce que tu dis là!

Soit ce type était royalement débile, soit il se foutait de moi. Dans les deux cas, il commencait à me taper royalement sur le système!
Jetant un coup d'oeil prudent derrière moi pour vérifier que tout allait bien, je fus rassuré de voir qu'elle ne se trouvait pas dans un sale état. Avec tout qui s'enchaînait aussi rapidement, elle aurait eu de quoi faire au moins deux crises en l'espace de cinq minutes.

Qu'est-ce qu'on fait de ce clown, Evangelina?

J'écoutais d'une oreille détachée ce qu'ils se disaient. Je me concentrais sur le goût sucré du bonbon en essayant de ne penser à absolument rien d'autre. Ca me semblait plus facile que d'habitude, même si je devais tout de même y mettre du mien, et pas qu'un peu !

Je croisai le regard d'Alexander et eus l'envie de détourner les yeux, mais je ne le fis pas. Ses yeux me rassuraient, et sa présence tout autant ! En tout cas, face à ce Caleb, je préférais ne pas être seule, surtout après l'histoire de ses exploits, comme Alexander avait qualifié son comportement.

Je n'entendis pas qu'il me parlait au début, mais les mots arrivèrent enfin à mon esprit et je réfléchis au ralenti. C'était vrai ça ! Que faire ? Je n'en avais pas la moindre idée...

Je... je suppose qu'elles ne vont pas dormir après ça... Si je n'avais pas de somnifères, je pense que je ferais pareil...

Cela n'avait pas grand chose à voir avec la question d'Alexander, cependant je ne savais pas quoi dire d'autre. Peut-être avais-je dit cela en pensant qu'elles surveilleraient le couloir et seraient aux aguets du moindre bruit qui s'y présenterait, pensant coincer le fugitif...

Heureusement que tu es là. En tant que mec, j'aurais penser qu'après une heure ou deux à courir elles auraient définitivement abandonnées.

Passant la main dans mes cheveux, je les déplacais légèrement vers l'arrière pour qu'ils ne me gênent plus, tout en réfléchissant. Pas que je voulais aider ce siniste inconnu, non simplement, je ne tenais pas à ce qu'il campe toute la nuit dans la chambre d'Evangelina. Après quelques instants dans ce silence de mort, je décidais de sortir n'importe quelle idiotie dans le but détendre l'atmosphère.

On pourrait lui prendre ses vêtements et le lâcher dans les couloirs. Les filles seraient contente, c'est une belle vengeance.

Mais d'un autre côté, la vision d'horreur de devoir assister à cette scène me refroidit immédiatement. Je n'allais plus en dormir durant des semaines si cela devait arriver! Et puis, je ne pouvais pas imposer une chose pareille à Angie! Bref nous trouvions toujours dans le flou, sans savoir quoi faire.

Je hochai légèrement la tête lorsqu'il m'exposa sa pensée. Mais je ne comprenais pas tout à fait pourquoi ces filles auraient arrêté de chercher alors qu'un pervers s'était introduit dans le dortoire, et qu'il pourrait très bien s'y trouver encore - ce qui était effectivement le cas !

Il y eut un silence plus ou moins long, puis il reprit sur un air de plaisanterie. Sauf que je ne trouvais pas cela très drôle...

Ce ne serait pas correcte...

Et puis, nous serions pris en flagrant délit ! Elles nous associeraient à lui. Enfin, ce n'était pas tellement le plus grave : c'était surtout immoral de faire une telle chose !

Peut-être... la fenêtre ?

Je me tournai vers celle-ci en avisant la branche d'arbre d'environ quinze centimètres de diamètre. Ce n'était certainement pas des plus solides, mais il devrait pouvoir s'y accrocher.

Je m'applaudisais mentalement pour me féliciter de mon flop total. La plaisanterie n'était absolument pas passée puis-ce qu'elle pensait que j'étais sérieux. Crétin! Je me contentais donc de hocher faiblement la tête, une moue désolée collée sur le visage.

Tu as raison!

J'écoutais alors sa proposition. En voilà une excellente idée! Pour bien des raisons, ce garçon avait bien fait de pénétrer dans sa chambre. Comme quoi, il y avait des gens qui avaient de la chance dans la vie. Je m'approchais de la fenêtre pour calculer plus au moins la distance avec le sol et les chances qu'il s'en sorte vivant si la branche devait cassée. Inutile de préciser qu'elles étaient relativement faible, s'il ne réussisait pas à amortir sa chute.

C'est une bonne idée. Même si, je ne lui conseillerais pas de louper son coup...

Je tournais les talons et l'observait une nouvelle fois. Il semblait avoir de la force, il ne devrait donc pas lâcher à peine accorché à l'arbre. Et puis avec un peu d'agilité, le tour serait jouer.

Tu t'en sens capable?

- Ben faudra bien...

Je lui déconseille moi aussi, nous sommes tout de même au premier étage...

Je jetai un oeil à l'intrus pour savoir s'il en serait capable, comme le lui demandait Alexander. J'espérais qu'il ne se ferait pas mal en descendant !

On frappa soudain à la porte, sans prévenir. Je sursautai et en fus paralysée. Qui cela pouvait-il bien être ? Et si cette personne nous voyait tous les trois ?? Moi qui ne laissais jamais entrer personne...

Evangelina ?? Evangelina ?? Tu peux nous ouvrir s'il te plait ?

-Elle ne nous ouvrira pas, tu sais !

Qui te le dit ?

-Elle n'ouvre jamais à personne !!

Il y eut un silence puis on frappa à nouveau.

Evangelina ?

Je me tournai vers les deux jeunes hommes, inquiète. Que devais-je faire ?

Il ne manquait plus que ça! Maintenant, même moi je me trouvais dans un cas problématique et il allait falloir que je m'éclipse discrètement. J'essayais de faire fonctionner mon cerveau pour une fois, mais bizarrement, avec le stress, rien ne voulait venir et je me retrouvais bloqué, sans pouvoir réagir. Il fallut que les demoiselles insistent pour que je me mette à bouger.

Bon il nous faut une planque! Le lit, voilà! Sous le lit c'est parfait, toi le type bizarre tu te caches autre part ou tu sautes par la fenêtre au choix. Tout dépends de la vie que tu comptes avoir plus tard...

Et sans plus attendre, j'allais me glisser sous le lit. Heureusement, la hauteur qui le séparait du sol était juste assez grande pour que j'ai de la place.

Angie occupe toi de la porte avant que cela ne devienne vraiment louche...

De là où j'étais, je ne pus observer que les baskets de l'intrus qui allait se placer derrière l'armoire. Pas très original comme cachette!

Ils allaient donc se cacher pendant que je "m'occupais" des filles. Mais qu'est-ce que je devais leur dire ???
J'allai cependant ouvrir la porte, essayant de ne pas céder à la panique. Je tentai de sourire mais préférai m'abstenir : j'avais bien trop peur ! De plus, je ne savais absolument pas mentir !!

Tu n'aurais pas vu un jeune homme, assez grand, les cheveux bruns en bataille, et qui courait par ici ?

Non... non je ne l'ai pas vu.. Pourquoi ?

-Il est entré dans les douches par effraction !

Laisse tomber, Ann.

-Mais pourquoi ?

C'est Evangelina, elle est trop bizarre !

J'avais vraiment l'impression de ne pas être devant elles, tellement leur façon de parler me surprenait. Mais c'était vrai, j'étais bel et bien "bizarre"... En tout cas, je n'étais pas comme elles...

-Bon ben salut.

Elles continuèrent leur chemin et frappèrent à la porte suivante, me laissant plantée là devant, comme une imbécile.

Sans un bruit, je me glissais hors de ma cachette lorsqu'elles eurent quitter mon champ de vision. Non mais, elles allaient voir celle la! Pour qui elles se prenaient à parler d'Evangelina de cette manière devant Evangelina!
Donc je me relevais et dépassais la dite personne pour me pencher dans l'encadrement de la porte, ma tête et mes épaules apparaisant à peine dans le couloir. Ouf, elles étaient à la porte à côté, c'était la distance parfaite!

Elle est pas "bizarre", c'est vous qui êtes trop normal!

Je retournais dans la chambre avant de changer d'avis et de reprendre ma position initiale, une moue dérangée sur le visage.

Et puis d'abord vous n'êtes que deux garces stupides et trop banales pour qu'on s'intéresse réellement à vous!

Comme le pire des gamins, je décidais de tirer la langue avant de refermer la porte et de me placer devant Evangelina. Je me penchais légèrement pour être à sa hauteur et l'observait quelques instants avant de sourire, amusé.

Désolé, ça m'a encore échapper.

Alexander n'aurait pas dû intervenir. Il n'aurait pas dû quitter sa cachette ! C'était... même s'il me défendait devant elles, il n'aurait pas dû !!

Tais-toi... lui dis-je alors qu'il s'excusait d'avoir laissé échappé une telle chose.

Tais-toi, tais-toi, tais-toi !!!! criai-je plus fort avant de le pousser légèrement et de me jeter sur ma table de nuit.

Tremblante, j'en sortis tous les flacons de pillules : je ne voulais pas que ça m'arrive encore une fois, et si vite !!! J'eus du mal à ouvrir le premier et le vidai dans ma main : il n'en restait plus qu'une seule. Je me laissai tomber au sol et l'avalai sans eau - pas le temps d'en prendre. Ensuite, j'en pris trois ou quatre autres, sans les compter, dans les autres flacons.
Cependant, l'effet était trop éloigné... Ca ne marchait pas ! Et plus je pensais à son geste, plus je me sentais mal. J'avais l'impression de les entendre dans ma tête, tout le monde criait, hurlait et faisait un chahut abominable !

Bingo! Et voilà que le roi des gaffes était de retour sur le podium et qu'aucune tomates pourries ne semblaient être présente pour le dégager. Je devais absolument arrêté de penser comme je le faisais d'habitude, je devais adopter une nouvelle façon d'être. Dans le genre, le mec zen qui évite de balancer tout ce qui lui passe par la tête. Oui, c'était la meilleure des attitudes!

Je tais, je me tais, je me tais,...

Dans le plus grand des silences, j'allais jusqu'au squatteur et attrapais le col de son t-shirt pour le tirer jusqu'à la fenêtre. Il n'avait pas à assisté à ça et puis elle ne se calmerait sûrement pas si nous étions dans la pièce qui semblait si petite en cet instant. Une fois devant la dite fenêtre, je l'ouvris et poussais l'intru pour qu'il se trouve juste contre.

Saute! Tu vas pas rester durant le restant de tes jours dans sa chambre.

- Mais tu l'as dit toi même c'est trop haut!

Mais non, si tu loupes pas ton coup la hauteur est absolument parfaite... Vas-y où je te pousse! Là tu es certain que tu ne t'en sortiras pas indemne.

- Okay, okay! C'est bon j'y vais puis-ce que tu insistes...

Et prenant appuis sur la fenêtre, il sauta, attrapant la branche sans la moindre difficulté. Ouf il y était finalement arriver, je n'aurais pas un mort sur la conscience ce qui n'était pas si mal.

Je remarquais à peine les mouvements dans ma chambre. Peu m'importait à présent qu'ils soient là ou non, ça n'y changeait plus rien ! Je me sentais bien trop mal, et bien trop loin pour arriver à me contrôler un tant soit peu !

[A finir]